Dermatite atopique : une révolution thérapeutique en marche

La journée nationale de l’eczéma sera célébrée le 7 juin prochain et il nous a semblé utile de faire le point sur les avancées.

La dermatite atopique, encore appelée eczéma atopique, connaît un tournant décisif. Pendant longtemps, cette maladie inflammatoire chronique a été synonyme de traitements limités, d’inconfort persistant et de qualité de vie altérée. Aujourd’hui, les progrès de la recherche ouvrent la voie à une prise en charge plus efficace, personnalisée et prometteuse, avec de nouvelles molécules déjà disponibles et d’autres en cours d’arrivée.

Une compréhension affinée, des cibles thérapeutiques identifiées

La dermatite atopique est désormais reconnue comme une pathologie complexe impliquant l’inflammation de type 2, une altération de la barrière cutanée, un déséquilibre du microbiote et une interaction avec des facteurs environnementaux. Cette compréhension fine a permis de cibler des voies spécifiques de signalisation immunitaire, ouvrant la voie à des traitements innovants et rationnels.

Biothérapies : un arsenal en pleine expansion

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Le dupilumab, premier anticorps monoclonal dirigé contre l’IL-4Rα, a ouvert la voie à une nouvelle ère thérapeutique. Depuis, d’autres biothérapies ont été autorisées ou sont en passe de l’être :

  • Tralokinumab, anticorps ciblant spécifiquement l’IL-13, est déjà disponible en Europe.
  • Lebrikizumab, également dirigé contre l’IL-13, a récemment obtenu son autorisation et arrive dans les prescriptions, élargissant les options de traitement pour les patients réfractaires ou intolérants à d’autres biothérapies.
  • Némolizumab, en cours d’évaluation avancée, cible le récepteur de l’IL-31, une cytokine clé du prurit, et pourrait représenter une avancée majeure dans la gestion des démangeaisons sévères.

Inhibiteurs de JAK : oraux et topiques

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Les inhibiteurs de JAK ont changé la donne par leur efficacité rapide, leur mode d’action intracellulaire et leur administration orale :

  • Baricitinibabrocitinib et upadacitinib sont déjà disponibles pour les formes modérées à sévères de la dermatite atopique. Leur efficacité, notamment sur le prurit, est souvent observée dès les premières semaines.
  • Delgocitinib, inhibiteur pan-JAK en formulation topique, vient de recevoir un avis favorable de la Commission de la transparence de la HAS. Il pourrait prochainement représenter une alternative non stéroïdienne précieuse pour le traitement local des formes localisées ou en relais des dermocorticoïdes.

Un impact concret sur la prise en charge

prise en charge DA

Ces avancées ne sont pas seulement techniques : elles améliorent concrètement la vie des patients.

  • Diminution rapide du prurit, meilleure qualité du sommeil, réduction du retentissement psychologique.
  • Moins de poussées, meilleure observance, allégement du fardeau thérapeutique.
  • Possibilité d’adapter les traitements en fonction de la sévérité, de l’âge, des comorbidités et des préférences des patients.

Une prise en charge plus personnalisée et multidimensionnelle

Ces traitements s’inscrivent dans une vision plus globale et individualisée de la dermatite atopique. Au-delà de la molécule, la stratégie repose sur un suivi rapproché, une évaluation continue de la réponse clinique et une coordination entre professionnels de santé.

Les outils numériques comme ResoConnex (réservé aux dermatologues) permettent aujourd’hui d’échanger sur des cas complexes, tandis que l’application HappyReso accompagne les patients au quotidien, dans une logique d’éducation thérapeutique et d’autonomisation.

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En conclusion

La dermatite atopique entre dans une nouvelle ère thérapeutique. Entre biothérapiesJAK inhibiteurs, et nouveaux topiques innovants, l’éventail des solutions ne cesse de s’élargir. Ces avancées marquent un tournant décisif dans la gestion de cette maladie, trop longtemps considérée comme banale mais profondément invalidante.

À nous, professionnels, de nous saisir de ces outils pour proposer des parcours de soins adaptés, évolutifs et centrés sur les besoins réels des patients.

Publié le 29/05/2025

Sources 

 Compréhension de la maladie et voies de signalisation

  • Weidinger S, Novak N. Atopic dermatitis. Lancet. 2016;387(10023):1109-1122.
    Revue de référence sur la pathophysiologie de la dermatite atopique.
  • Guttman-Yassky E et al. Atopic dermatitis: Molecular pathogenesis and emerging therapies. Allergy. 2020;75(9):2113-2123.
    Mise en lumière des cytokines IL-4, IL-13, IL-31 et du rôle du microbiote.

Biothérapies (Dupilumab, Tralokinumab, Lebrikizumab, Némolizumab)

  • Simpson EL et al. Two phase 3 trials of dupilumab versus placebo in atopic dermatitis. NEJM. 2016;375:2335–2348.
    Études cliniques fondatrices sur le dupilumab.
  • Wollenberg A et al. Tralokinumab for moderate-to-severe atopic dermatitis: results from ECZTRA 1 and 2 trials. Br J Dermatol. 2021.
  • Silverberg JI et al. Lebrikizumab as monotherapy in atopic dermatitis (ADvocate trials). NEJM. 2023.
  • Kabashima K et al. Nemolizumab in patients with moderate-to-severe atopic dermatitis: a phase 3 trial. Lancet. 2023.
    Efficacité ciblée sur le prurit par l’IL-31.

Inhibiteurs de JAK (Baricitinib, Abrocitinib, Upadacitinib, Delgocitinib)

  • Reich K et al. Upadacitinib vs dupilumab in moderate-to-severe AD (Heads Up trial). Lancet. 2022.
    Comparatif direct JAK vs biothérapie.
  • Guttman-Yassky E et al. Abrocitinib in moderate-to-severe atopic dermatitis: JADE MONO-1 & MONO-2. JAMA Dermatol. 2020.
  • Ohtsuki M et al. Delgocitinib ointment in Japanese adults with atopic dermatitis. J Dermatol. 2020.

Sources françaises et institutionnelles

  • Haute Autorité de Santé (HAS) – Avis de transparence sur Delgocitinib (2024)
     www.has-sante.fr
  • Société Française de Dermatologie (SFD) – Recommandations actualisées sur la dermatite atopique.
    www.sfdermato.org

Pour aller plus loin

  • EADV Guidelines – European Academy of Dermatology and Venereology, Guidelines for atopic dermatitis (2022).