L’eczéma atopique : optimisation des traitements locaux

L’eczéma atopique : optimisation des traitements locaux

L’observance des traitements locaux dans la DA est estimée à seulement 30 % selon les dernières études [1]. Leur optimisation est donc primordiale. Tout d’abord, il est important que les patients comprennent l’intérêt du traitement local, il faut donc  prendre le temps de leur expliquer la physiopathologie de la DA, et notamment la notion d’altération de la barrière cutanée. Pour expliquer cela aux patients, des métaphores sont souvent utilisées en consultation (par exemple, les métaphores de l’incendie ou de la maison et ses briques).

Stratégie des traitements locaux

Le traitement local de la dermatite atopique doit être effectué selon un mode d’emploi précis et non négociable avec le patient, ce qui peut parfois être difficile à mettre en œuvre.

Le traitement local comprend 4 étapes quotidiennes [2] :

  • La toilette : elle doit être faite quotidiennement avec une douche courte et tiède, en utilisant un nettoyant doux adapté suivi d’un essuyage doux par tamponnement. Il est important à l’interrogatoire de repérer les patients prenant des douches chaudes qui altèrent davantage la barrière cutanée et aggravent la maladie.
  •  L’inspection : l’inspection minutieuse de la peau est primordiale et doit être systématique. L’objectif est de regarder l’ensemble de la peau, de la toucher afin de repérer les lésions érythémateuses ou rugueuses débutantes.
  •  Le traitement anti-inflammatoire : le traitement de référence repose sur les corticoïdes locaux, à appliquer 1 fois par jour sur une peau propre, sur toutes les lésions d’eczéma [3]. La quantité à appliquer doit être expliquée au patient (équivalent d’un petit pois pour un dos de main d’adulte). L’application se fait en massant fermement la peau jusqu’à pénétration complète du produit. Une démonstration est primordiale pour la compréhension des patients ; elle peut se faire pendant la consultation. Le traitement local doit être appliqué le plus tôt possible sur les lésions d’eczéma et de façon continue jusqu’à l’amélioration complète.
  •  Le traitement émollient : son objectif est d’étanchéifier la peau afin de limiter la pénétration des irritants et des allergènes. Il permet d’espacer les poussées de dermatite atopique en réparant la barrière cutanée. Le traitement émollient n’a pas d’intérêt sur les lésions d’eczéma et il est souvent mal toléré par les patients ; il doit être appliqué sur l’ensemble de la peau saine.

La stratégie du traitement local dans la DA est un élément majeur de son succès. Le traitement local des DA doit être quotidien et il faut apprendre aux patients à l’adapter à leur maladie. Un suivi dermatologique régulier est indispensable.

Fig. 1 : Cette courbe représente l’évolution de l’adhésion thérapeutique aux traitements locaux dans le psoriasis après la consultation, et la différence entre l’observance déclarée par les patients, recueillie sur les journaux des patients (stable aux alentours de 90 %, courbe orange) et la réelle adhérence thérapeutique mesurée grâce à des capteurs sur les tubes des traitements locaux qui est moindre (51 % à la semaine 8, courbe bleue) d’après [4].

Importance du suivi dermatologique régulier dans l’adhésion thérapeutique

Le suivi dermatologique régulier des patients présentant une dermatite atopique est primordial pour optimiser les traitements locaux, favoriser l’adhésion thérapeutique et l’observance des patients [4]. En effet, la motivation des patients concernant l’observance des traitements dans les maladies chroniques s’amenuise au fil du temps. Cela a été bien décrit dans la littérature sur le psoriasis où l’adhérence mesurée 8 semaines après l’introduction du traitement topique n’était plus que de 51 % (fig. 1) [4]. Cette consultation de suivi permet de fixer des objectifs communs avec le patient, de réévaluer la stratégie thérapeutique et de répondre aux difficultés rencontrées.

Un interrogatoire minutieux permet de repérer les erreurs des patients qui parfois conduisent à l’échec du traitement local : douches chaudes, allergènes cachés, irritants cachés, stress non géré, traitement sous-dosé, traitement irrégulier, ordre d’application des crèmes non respecté, corticophobie [5], lieu de traitement, stockage des traitements, discordance d’avis parental chez les enfants, démotivation et croyances des patients.

Le dermatologue doit recentrer la prise en charge des patients, mais ne doit en aucun cas critiquer leurs différentes initiatives (psychologues, acupuncture, relaxation, méditation…).

La stratégie du traitement local dans la DA est un enjeu majeur dans le succès du traitement et doit se faire selon quatre étapes quotidiennes (toilette, inspection, traitement anti-inflammatoire, traitement émollient). Le suivi régulier des patients présentant une DA est primordial : il permet d’optimiser le traitement local, de répondre aux difficultés rencontrées par les patients, et il favorise ainsi l’adhésion thérapeutique.

Bibliographie

  1. Aubert H, Barbarot S. Non adherence and topical steroids. Ann Dermatol Venereol, 2012;139 Suppl 1:S7-12.
  2. Chavigny JM. Arrête de te gratter. URL https://www.edilivre.com/.html [accessed on 26 November 2017].
  3. Ring J, Alomar A, Bieber T et al. Guidelines for treatment of atopic eczema (atopic dermatitis) part I.
    J Eur Acad Dermatol Venereol, 2012; 26:1045-1060.
  4. Carroll CL, Feldman SR, Camacho FT
    et al. Adherence to topical therapy decreases during the course of an 8-week psoriasis clinical trial: Commonly used methods of measuring adherence to topical therapy overestimate actual use. J Am Acad Dermatol, 2004;51:212-216.
  5. Aubert-Wastiaux H, Moret L, Le Rhun A
    et al. Topical corticosteroid phobia in atopic dermatitis: a study of its nature, origins and frequency. Br J Dermatol, 2011;165:808-814.

 Rédigé par les Drs Emilie Brénaut et Justine Daguzé, d’après la communication du Dr Jean-Marc Chavigny (Dermato-allergologue, école de l’Atopie, CHU Nantes, Centre Pasteur Dermatologie, NANTES).

MAJ : 26 octobre 2018