Le prurigo nodulaire

Le prurigo Nodulaire

Le prurigo nodulaire chronique (PNC) est une maladie inflammatoire neuro-immune caractérisée par des lésions prurigineuses et douloureuses évoluant depuis plus de 6 semaines. Les lésions papulo-nodulaires, souvent symétriques, siègent préférentiellement au niveau des membres inférieurs et sont associées à des cicatrices, excoriations, écorchures et lésions de grattage.

Le prurit commence souvent de manière très localisé par une petite papule érythémateuse, qui évolue au fur et au mesure du temps et du grattage chronique en une lésion papulo-nodulaire de prurigo. Le prurit est plus intense sur les lésions de prurigo qu’en peau saine.

En fonction de leur aspect clinique, les lésions sont parfois classées en PNC nodulaires, papuleux, ombiliqués, linéaires ou en plaques, avec des formes souvent chevauchantes.

La prévalence du PNC est estimée à 0,1% avec une légère prédominance chez la femme.

Cette pathologie touche principalement les patients d’âge moyen et les personnes âgées, avec un âge moyen d’apparition autour de 50 ans.

Il est retrouvé un terrain atopique chez la moitié des patients.

Le prurigo nodulaire chronique (PNC) est une maladie inflammatoire chronique de la peau, liée à une dysrégulation des systèmes immunitaire et neurologiques.

Tous les mécanismes physiopathologiques n’ont pas encore été identifiés mais il est retrouvé :

  • Une hyperactivation du système immunitaire en particulier des lymphocytes T de type Th2, avec sécrétion de cytokines (en particulier IL-13 et IL-31)
  • Une hyperactivation des fibres nerveuses de type C, responsable du prurit
  • Une augmentation de la fibrose avec production excessive de collagène
  • Il se développe un cercle vicieux prurit-grattage, qui entretient l’inflammation chronique.
  • Le stress peut être un facteur déclenchant ou aggravant.
0,1%

de la population est touchée par la maladie

5 000

patients en France

50 ans

âge moyen d’apparition

50%

ont un terrain atopique

Un impact important sur la qualité de vie

  • Le prurit chronique a un retentissement majeur sur le bien être physique, mental et émotionnel du patient. Plus de la moitié des patients déclarent que cette maladie impacte négativement leur qualité de vie.
  • Les démangeaisons peuvent survenir tout au long de la journée et de la nuit, et sont si intenses que les patients peuvent se gratter jusqu’au sang. Elles s’accompagnent de sensations de picotements, de piqûres et de brûlures, et impactent fortement la qualité de sommeil.
  • Les lésions prurigineuses et souvent affichantes sont source de dégoût, de honte, de colère, d’anxiété. De nombreux patients présentent des syndromes anxio-dépressifs. Cela peut conduire à un isolement social et une désinsertion professionnelle.
  • Cette maladie a également un fort impact médico-économique (arrêt de travail itératifs, hospitalisations, consultations médicales fréquentes chez le médecin généraliste/dermatologue/psychiatre/urgences/autres professions de santé).

Le diagnostic

Le diagnostic est posé par le dermatologue devant la présence :

  • De démangeaisons chroniques intenses durant depuis plus de 6 semaines
  • De lésions nodulaires fermes, localisées ou généralisées
  • De lésions chroniques de grattage (excoriations, cicatrices post inflammatoires)

Une biopsie peut parfois être réalisée, ainsi que des examens complémentaires pour éliminer d’autres maladies prurigineuses (dermatite atopique, lichen, lymphome T cutané, pemphigoïde bulleuse, gale, insuffisance rénale chronique, cholestase hépatique, néoplasie, infection VIH ou toxidermie médicamenteuse).

prurigo nodulaire

Traitement

  • L’objectif de la prise de charge du PNC est de réduire le prurit, de favoriser la cicatrisation des lésions et d’améliorer la qualité de vie des patients.
  • Les traitements proposés sont assez similaires à ceux de la dermatite atopique. En 1ère intention, des dermocorticoïdes de classe forte sont appliqués sur les lésions de prurigo. Il est conseillé d’utiliser des surgras sans savon pour la toilette et des crèmes hydratantes/cicatrisantes pour réparer la peau. Il est aussi prescrit des antihistaminiques, parfois sédatifs, qui permettent de diminuer les démangeaisons et les troubles du sommeil.
  • Du tacrolimus topique, des traitements immunosuppresseurs, de la photothérapie, de la gabapantine, des traitements antidépresseurs ou une prise en charge psychologique peuvent être également proposés.
  • Le Dupilumab, une biothérapie déjà utilisée dans la dermatite atopique, vient d’avoir l’AMM en France pour le traitement du PNC. Ce traitement injectable inhibe les récepteurs IL 4 et IL13, impliqués dans l’inflammation. Il permet une amélioration rapide du prurit, une régression des papulo-nodules de prurigo et une amélioration globale de la qualité de vie, avec une bonne tolérance.
  • D’autres cibles thérapeutiques (anti-IL31, anti JAK…) sont également en cours de développement pour le traitement du PNC.

Références

  • Zeidler C et al. Chronic prurigo of nodular type: a review. Acta Derm Venereol 2018 ;98(2):173-179
  • Pereira MP et al. European academy od dermatology and venereology European prurigo project: expert consensus on the definition, classification and terminology of chronic prurigo. J Eur Acad Dermatol Venereol 2018;32 (7):1059-1065
  • Pereira MP et al. Chronic nodular prurigo: clinical profile and burden. A european cross-sectional study 2020;34(20):2373-83
  • Yosipovitch G et al. Dupilumab in patients with prurigo nodularis: two randomized, double-blind, placebo-controlled phase 3 trials. Nat Med 2023;29(5):1180-1190

Auteur : Dr Claire BOULARD (dermato-allergologue GHH Le Havre).

Le 22/12/2023