Prurit chronique : les nouvelles recommandations européennes S2k pour la pratique dermatologique
Le prurit chronique est un symptôme fréquent et souvent invalidant, qui concerne de nombreuses pathologies dermatologiques et systémiques. Sa prise en charge reste complexe et nécessite une approche structurée, adaptée à chaque patient. Les nouvelles lignes directrices européennes S2k, récemment publiées dans Acta Dermato-Venereologica, offrent aux dermatologues des recommandations actualisées, basées sur l’évidence scientifique et l’expertise de spécialistes européens.
Parmi les experts ayant contribué à ce travail, le Pr Laurent Misery , président du groupe prurit de la SFD, a apporté son expérience reconnue dans le domaine du prurit et des atteintes cutanées chroniques, renforçant la pertinence clinique de ces recommandations pour la pratique quotidienne.
Dans cet article, nous vous proposons un résumé pratique des points clés à retenir pour le diagnostic et la prise en charge du prurit chronique, directement applicable en consultation dermatologique.
Prurit chronique : un symptôme complexe
Le prurit chronique
(durée >6 semaines) peut être d’origine dermatologique ou systémique (neurologique, psychiatrique, médicamenteuse).
Il peut évoluer vers un syndrome autonome,
indépendant de la pathologie initiale, ressemblant à une douleur chronique.
La prévalence est élevée :
jusqu’à 100 % dans des affections comme l’eczéma atopique ou l’urticaire chronique, et environ 25 % chez les patients en hémodialyse.
Diagnostic : une démarche systématique
Évaluation clinique complète,
incluant l’examen de la peau, des muqueuses, des ongles, du cuir chevelu et des zones interdigitale et anogénitale.
Rechercher les lésions primaires
(indiquant une maladie cutanée) et les lésions secondaires (liées au grattage).
En cas de prurit généralisé sans lésions cutanées évidentes,
envisager des causes systémiques et effectuer des bilans biologiques adaptés.
Traitement : approche multimodale et progressive
a) Traitement de la cause sous-jacente
- Traitement spécifique de la pathologie primaire (par exemple, inhibition de JAK pour le prurit aquagénique dans la polycythémie vraie).
b) Traitement symptomatique
- Utilisation d’émollients, photothérapie UV, antihistaminiques oraux, corticostéroïdes topiques.
- Pour les cas résistants, envisager des thérapies systémiques comme les antagonistes des récepteurs NK1, les biologiques, ou les immunosuppresseurs.
c) Prise en charge psychosomatique
- Intégrer des approches psychothérapeutiques, des techniques de relaxation et de gestion du stress, en particulier lorsque des comorbidités psychologiques (anxiété, dépression) sont présentes.
Traitement dans des populations spécifiques
- Adapter les traitements en fonction de l’âge (enfants, personnes âgées), de la grossesse et des comorbidités.
- Veiller à la sécurité et à l’efficacité des traitements dans ces groupes.
Importance d’une approche interdisciplinaire
La gestion du prurit chronique nécessite une collaboration entre dermatologues, médecins généralistes, psychologues, psychiatres et autres spécialistes.
Une évaluation et un traitement coordonnés sont essentiels pour améliorer la qualité de vie des patients.
Ressources supplémentaires
- Pour une consultation complète des lignes directrices, vous pouvez accéder à l’article original ici : European S2k Guideline on Chronic Pruritus
Date : 02/09/2025