Les maladies de peau : enfin reconnues comme priorité mondiale de santé publique
Elles marquent la peau, mais blessent l’âme.
Depuis des siècles, ces affections sont le miroir d’un inconfort collectif : celui de l’anormal, de l’imparfait, de l’incontrôlable.
Du lépreux banni des cités médiévales aux regards fuyants face à un visage érythémateux ou des plaques de psoriasis, la peau malade a trop souvent été synonyme de mise à l’écart, de silence, d’oubli.
Et pourtant, elles sont là, omniprésentes : psoriasis, dermatite atopique, maladie de Verneuil, urticaire chronique spontanée, vitiligo, prurigo nodulaire, pelade…
Pas contagieuses , pas secondaires, encore moins un problème uniquement « esthétique ».
Mais profondément humaines, souvent invisibilisées malgré leur visibilité même.
Elles affectent 2 milliards d’individus dans le monde.
Elles sont parfois douloureuses, elles grattent, elles enflamment.
Elles s’invitent dans le corps, mais s’installent aussi dans l’esprit — le retentissement des ces pathologies ayant été bien établi — laissant leurs empreintes dans l’intimité, dans la confiance, dans la vie sociale.
Dans une époque qui érige la perfection en valeur cardinale, où l’apparence devient passeport de reconnaissance, la reconnaissance politique de ces maladies n’est pas qu’un geste de santé publique : c’est un acte de justice pour tous les patients vivant avec ces pathologies.
Une avancée majeure portée par l’OMS
Le 24 mai 2025, à Genève, lors de la 78e Assemblée mondiale de la santé, les États membres de l’OMS ont adopté une résolution historique : “Skin Diseases as a Global Public Health Priority”.
Cette résolution, portée par la Côte d’Ivoire et co-soutenue par la Colombie, la Chine, l’Égypte, le Nigeria, la Micronésie et le Togo, engage les États à :
- Élaborer un Plan d’action mondial axé sur la prévention, le dépistage, le traitement et la prise en charge à long terme
- Renforcer les soins de santé primaires et la formation des professionnels
- Favoriser l’accès équitable à des soins de qualité et à des traitements abordables
- Intégrer les maladies de peau dans les politiques de santé mentale, de handicap et de réhabilitation
- Soutenir la recherche, la surveillance et l’innovation, notamment via les outils numériques et la télédématologie
L’engagement de notre réseau : accompagner, former, sensibiliser
Chez Reso-dermatologie, un réseau de dermatologues et de professionnels engagés dans la prise en charge des dermatoses inflammatoires chroniques, nous saluons cette décision avec enthousiasme.
Mais surtout, nous agissons.
Cette résolution est un point de départ, pas un aboutissement.
Elle donne une légitimité mondiale aux combats que nous menons depuis longtemps.
Et elle nous invite à redoubler d’efforts, ensemble, pour que la santé de la peau soit enfin considérée pour ce qu’elle est : un pilier essentiel de la santé globale.
Tous ensemble — patients, professionnels de santé, institutions publiques, associations, industriels — nous avons le pouvoir de changer de cap.
- De faire de la peau un sujet de santé à part entière.
- De transformer le regard porté sur ces maladies.
- De bâtir un futur où personne ne sera plus jamais défini, jugé ou exclu à cause de sa peau.
Sources et données clés
Prévalence mondiale des maladies de la peau
Selon le projet ALL, une étude mondiale menée en 2023, plus d’une personne sur trois dans le monde vit avec une maladie de la peau. Cela inclut des affections telles que la dermatite atopique, le psoriasis, le vitiligo, l’eczéma, l’acné, l’urticaire, le prurit, les troubles des cheveux et des ongles, la rosacée, etc.
Impact psychosomatique des maladies de la peau
Les maladies de la peau ont un impact significatif sur la santé mentale et la qualité de vie des patients. Une étude menée en France en 2023 révèle que :
- 45 % des Français admettent être complexés par leur peau.
- 67 % des personnes atteintes de dermatite atopique sévère souffrent d’anxiété intense.
- 73 % des personnes atteintes d’eczéma sévère ont déjà vécu des moqueries durant leur scolarité.
De plus, des recherches indiquent que le stress, l’anxiété et la dépression peuvent déclencher ou aggraver des affections cutanées telles que le psoriasis, le vitiligo, la dermatite, la séborrhée, l’acné, la rosacée, l’hyperhidrose et l’urticaire.
À vos côtés avec l’application HappyReso
Pour mieux comprendre la maladie et bénéficier de conseils validés par des experts de votre maladie, pensez à utiliser l’application HappyReso, gratuite et dédiée au psoriasis, à l’eczéma atopique et à la maladie de Verneuil. Vous pouvez également y poser vos questions.
Les maladies inflammatoires chroniques de la peau, notre mission,
Les patients, notre priorité !
Auteur : Dalila Simonian, directrice développement et communication RESO.
Publié le 28/05/2025